« Contes des sages d’autres mondes et d’autres temps » : La SF pour les nuls

Je vais faire le point sur ce que je n'aime pas chez Pierre Bordage. (...) S'il n'aime pas les religions, il est pourtant à la recherche d'une forme de spiritualité universelle, et à mesure que je deviens de plus en plus critique du christianisme dans lequel on m'a élevé, c'est quelque chose que je comprends de mieux en mieux. Je lui reproche toujours ses trouvailles manquant d'approfondissement, de crédibilité ou de cohérence, mais cela me semble bien moins important depuis que j'ai compris que le centre d'une œuvre n'est rien de tout ça, mais bien son propos et la manière dont il est traité. Même si ses héros sont souvent naïfs, ils ont le mérite d'exprimer les idéaux de l'auteur, qui sont souvent pleins d'humanité ; ses histoires ont tendance à être manichéennes, mais elles opposent après tout des individus humanistes à des systèmes obscurantistes. Et puisqu'il est estimé comme un auteur majeur de la SF française, je me suis dit qu'il fallait bien lui laisser une nouvelle chance. Or voilà qu'en 2020 paraît un court recueil illustré publié sous sa plume ; je finis par me laisser tenter de fumer le calumet de la paix. Et le résultat... c'est que j'ai pas du tout aimé.

« Aux douze vents du Monde » : Attention, critique claquée au sol

J'ai franchement hésité à écrire cet article. Je ne trouvais rien de spécial à développer, et ce livre m'a beaucoup moins emballé que le reste de la blogosphère. Pourtant, Dieu sait que ça fait un bon bout de temps que j'aurais dû parler d'Ursula Le Guin sur ce blog, pour sa contribution à la SF avec le cycle de l'Ekumen comme à la fantasy avec celui de Terremer. Et le dieu des articles à livrer a décidé qu'il y aurait encore un samedi cette semaine, c'est pourquoi me voici obligé pieds et poings liés de produire votre pitance hebdomadaire. Voici donc un recueil de 17 nouvelles écrites par la dame d'adamantium, avec en rouge celles appartenant à l'Ekumen, en bleu celles de Terremer, et en vert celles indépendantes.

« L’homme bicentenaire » : Papy Isaac met les potards à fond

Plus le temps passe et plus j'aime les livres qui en ont dans le ventre : mieux vaut une bonne grosse intégrale collector des familles que des romans en petite coupure (insérer ici la blague de votre choix sur les Moutons électriques). C'est donc plus ou moins par accident ("Sylvain ! Grouille-toi, on a pas toute la nuit ! — Mais m'man !") que je me suis retrouvé à emprunter à la médiathèque un autre de ces petits recueils de nouvelles qui faisaient la gloire d'Asimov. Si j'avais apprécié Chrono-minets, je n'étais pas sûr de vouloir reproduire l'expérience, et je dois dire ce qui est, j'ai eu tout le temps de me morfondre durant la première centaine de pages. Mais un ou deux mois après, je me dis : haut les cœurs, après tout, c'est peut-être aussi la faute de mes problèmes psychologiques. Et après avoir lu L'homme bicentenaire en entier, il m'a fallu profondément me repentir sur l'autel d'Asimov pour ne pas avoir reconnu son génie une fois de plus (je lui ai aussi promis de lui sacrifier deux ou trois petits frères). En bref : vous avez là entre autres le gratin de ce qui se faisait à l'époque comme SF transhumaniste !

« Zitrance » : Cleared for Landing*

Enfin reçu. 40 euros, plus les frais de port, mais je n'en regrette pas un centime. Zitrance, tome 1, ou la folle aventure d'une bande d'étudiants en arpla choisissant de faire un livre du projet BD que j'évoquais dans un article de blog début juin. C'est donc un recueil de 200 pages que je reçois, assorti d'un ex-libris, d'un sachet de cartes postales, d'une superbe affiche, d'un stand-alone et de pas moins de QUATRE marque-pages dont un dédicacé. C'est la plus belle surprise qui me soit arrivée depuis pas mal de temps ; j'en arriverais presque à aimer les parisiens. Enfin...

TUGPÉUA #22

Papa Noël s'en va acheter quelques milliards d'attestations de visites à domicile, et la fin d'année s'annonce pour moi aussi un brin hardcore. Il me reste encore des milliers de pages à lire pour la fac et pour le blog, sans parler des disques à écouter, des émissions radio à préparer, des films et séries à voir dans la mesure du possible, du théâtre que je n'aurais pas évoqué de l'année... ah, oui, et les cadeaux, ce truc sur lequel on se penche toujours le 23 décembre. Le bon côté des choses étant que je ne devrais en principe pas trop à avoir à bouger de chez moi (rire sarcastique), tentons à présent de combler un peu notre retard en proposant à nouveau deux articles par semaines, à commencer par celui-ci.

« Nouvelles 1945-1954 » : Jack Vance overdose

Chose promise chose due, je me suis mis à lire le feu aux fesses l'intégrale des nouvelles hors cycle de Vance à une vitesse de croisière de 100 pages par jour atteignant parfois le pic des 150 (chose qui ne m'était pas arrivée depuis des années). Il faut dire qu'un tome 1 de plus de 1050 pages (je rappelle uniquement pour les nouvelles hors cycle) témoignait de son énorme productivité. Dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, il se fit en effet connaître dans les pulps en publiant ces nombreux textes ; alors patine du temps oblige, quelques défauts finissent par apparaître : un goût exubérant pour les péripéties primant parfois sur le désir de construire un récit aux règles bien établies qui puisse jouer avec, ou bien des psychologies assez simples, surtout chez les persos féminins (sérieux, maintenant j'ai l'impression de dire ça à chaque article...). Autant de défauts qui avaient fait du dernier tiers du Monde vert une grosse purgeasse bien purulente ; mais Vance manie a priori mieux la SF pulp qu'Aldiss, bien que ses fix-ups à lui ne soient pas non plus dénués de défauts (on citera l'amusant mais tout de même très long et parfois assez embarrassant Cugel l'Astucieux), et de toute manière, là on est sur de la forme courte en one-shot, donc difficile d'avoir le temps de se lasser. Du reste, les textes en eux-même ruissellent de qualité...

« L’Aleph » : L’Edgar Poe latino

C'est un drame en France : d'une part l'Imaginaire est méprisé (et dès lors qu'un livre fait trop de vues, il est recatégorisé en classiques) alors qu'il n'est pas forcément hostile ou éloigné de la littérature blanche ; d'une autre en bons gros chauvins on jette par la fenêtre tout ce qui n'est pas Imaginaire ou De-Notre-Mère-Patrie-America (et plus largement tout ce qui est littérature). (...) Et c'est pour ça aussi que je vous recommande (pour l'instant) le label L'Imaginaire Gallimard, qui tente de lever ces deux injustices en proposant non seulement des ouvrages du monde entier mais aussi de la littérature de genre lavée plus blanc que blanc façon Aux Forges de Vulcain.

« Chants de l’espace » : YMSA*

Samuel R. Delany est réputé comme un des plus grands auteurs du space opera pulp de l'âge d'or. C'est avec une grande magnanimité que Bragelonne publie sept de ses récits dans un bon gros volume anniversaire des familles, le tout à 10 balles seulement, ce qui avouons-le, est pas vraiment le style de la maison. Ajoutez à ça une superbe couverture, et le moi d'il y a quelques années dans le superbe centre commercial de Lyon pensait faire une bonne affaire en sortant d'un de ses restaurants fétiches.