La beauté vous prend parfois par derrière. Un beau soir, je rentrais du lycée avec une journée merdique niveau 8 sur l’échelle de TroomTroom, je m’étais engueulé avec ma famille et je devais faire un devoir que je devais rendre depuis un mois. La soirée gaspillée en une seule leçon ; si Matthieu Kassovitz avec voulu faire un remake pour La Haine, j’aurais facilement tenu tous les rôles.

Alors bon, la rage, les devoirs, je me dis : Au moins, si j’écoute un peu de musique, j’aurais pas perdu mon temps. Il y a Splinter de Savant que j’ai écouté 2 200 998 fois, et j’ai pas le goût. Il y a Nostalgia de Mono que j’ai écouté 456 087 fois, et j’ai pas le goût. Il y a Je ne dirais rien de Maître Gims… Mais je suis rageux, pas suicidaire. 😛

Et puis il y a ce petit album qui a figuré assez haut dans le top 2018 de totoromoon, Houdini par San Carol d’un sous-genre que je ne connaissais absolument pas, la dream pop. Ma première réaction est bien sûr « Oulah, elle est de très bon goût, cette jaquette », et n’éprouvant strictement aucun intérêt pour la pop (hormis New Order, mais si je vous dis ça, c’est comme si je vous disais que l’eau est bleue) ni pour Houdini (bien que j’aie vu un spectacle de magie à Saint-Étienne ces derniers temps que je vous recommande), je suis d’abord passé à côté. Et puis au point où j’en suis, je me dis : ça me fera au moins découvrir un nouveau style. Et devinez quoi ?

Houdini est un superbe album et très certainement la quintessence de ce qui peut se faire en pop de nos jours. Tout est rose, tout est caressant, soit. Et pourtant, on se laisse prendre par ses neuf pistes qui forment une atmosphère étrange et éthérée, parsemée d’accords mélancoliques, de sonorités tribales voire porteuses d’une touche de psychédélisme. Et griffer soudainement par des sons plus brutaux, d’autres qui vous arrachent de votre fauteuil pour vous plonger dans une tristesse indicible, avant de revenir à ceux, lumineux tels les rayons d’une étoile à travers une géante gazeuse, sous-tendant le disque tout entier. L’ensemble forme un tout qu’il serait difficile de décrire morceau par morceau, mais essayons-nous à un résumé rapide. La première piste est une ouverture jouant sur les hoquets de ses batteries et une touche d’acide ; la deuxième se trouve entre la ballade grésillante et l’épitaphe aérienne ; la troisième est plus éthérée que jamais tout en faisant apparaître une certaine sensualité ; la quatrième une parenthèse plus sombre et résolument countryesque ; la cinquième un ode un peu moins marquant mais qui fait d’autant plus contraster avec la suivante ; la sixième un passage plus sec mais immersif ; la septième un rythme effréné aux délicieux accents post-rock et synth-pop ; la huitième une odyssée proche de l’expérimental ; la neuvième une conclusion douce-amère qui n’a pas été sans me rappeler mes maigres connaissances sur John Lennon.

Houdini n’est pas une éclate ; c’est un album avec une âme vibrante par ses guitares et les caisses de ses batteries. Houdini n’est ni une musique commerciale, ni une underground ; c’est un entre-deux, des limbes dans lesquels flottent les sentiments de compositeurs talentueux (et français, avec ça !) avec une recherche d’harmonie parvenant à concilier grand public et public plus restreint tout en se moquant de dans quelle case elle va rentrer. Houdini est un album qui ouvre vers de nouveaux horizons, passionnant pour ses expérimentations planantes mais jamais léchées, ses sons doux mais jamais complètement lisses. Houdini est un rescapé miraculeux de la guimauve dans lequel il se serait enfoncé sans la maestria mélancolique de ses compositeurs recherchant à créer un univers musical avec sa propre personnalité avant de séduire l’audience. Houdini est le genre de musique que j’encourage sur ce blog depuis le début, et le genre de musique que je vous encourage, vous, à écouter dès maintenant. Après, je dis ça, c’est pour votre culture…

La vie en rose, c’est aussi chez : totoromoon, …

https://sancarol.bandcamp.com/album/houdini

5 commentaires sur « « Houdini » : Bonjour l’objectivité (lol) »

    1. Voilà le Bandcamp :
      https://sancarol.bandcamp.com/album/houdini
      Au fait, je veux faire un petit sondage chez les abonnés : est-ce que tu penses que désormais je devrais poster les albums en fin de critique comme je fais déjà pour les courts-métrages ? C’était pas prévu à la base, et puis je me suis dit que c’était pertinent ; mais modifier tous les articles musique depuis le début du blog pour mettre ça à la fin risque de me bouffer un après-midi…

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