Parmi les séries qui ont marqué les fans de Star Trek, Battlestar Galactica est sans doute la plus citée mais pas la plus attrayante. En effet, qu’y a-t-il de bien excitant dans une histoire assez générique de robots se retournant contre les Douze Colonies de Kobol, une civilisation faite d’un étrange mélange entre les USA et la Rome antique, se retrouvant contrainte à guerroyer contre eux dans des gros vaisseaux qui font tiou-tiou ? C’est d’autant plus vrai que cette série est le remake d’une autre déjà sortie en 1978, bien avant ce produit des années 2000. Sauf qu’une idée de base franchement classique peut avoir un traitement original et/ou efficace, et surtout plus détaillé que la normale. BSG pose ainsi les questions suivantes : à quelles extrémités l’Humanité peut-elle arriver face à un ennemi infiniment plus puissant qu’elle ? Ainsi, on peut retrouver dans la saga l’un des producteurs et scénaristes de DS9, Ronald D. Moore. Eh oui ! Si les trois lettres de BSG ne vous font pas plus envie qu’à moi, que diriez-vous, en revanche, si l’on vous disait que vous alliez voir Battlestar Garaktica ?

Autre grande résonance avec l’univers trekkie, BSG s’inscrit dans le survivor space comme y prétendait VOY, qui au final offre une série Star Trek beaucoup plus lisse et conventionnelle : si le vaisseau de la capitaine Janeway est capable de nous offrir d’excellentes aventures, il a tendance à aborder vite fait puis passer sous le tapis toutes sortes de difficultés et d’intrigues qui auraient pu prendre une saison entière (au point que les fans, pour plaisanter — à moitié —, parlent parfois d’un bouton reset sur lequel les scénaristes appuieraient à la fin de chaque aventure). Ici, pas question de recourir à ce genre de facilités : chaque épisode a des conséquences sur la suite. La survie des passagers va se faire de la façon la plus réaliste possible, c’est-à-dire, À LA DURE…

Impression globale

BSG n’y va pas avec le dos de la cuillère : dès son début, 99% de l’Humanité est éradiqué et les derniers survivants doivent partir découvrir un espace vaste et inconnu en quête d’une Treizième Colonie qui serait suffisamment éloignée de leurs persécuteurs. Leur vaisseau militaire, le Galactica, est pourvu d’un armement archaïque ayant cinquante ans de retard, sans compter que l’armée doit composer avec les innombrables dissensus politiques. Honnêtement, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Esthétiquement, nous retrouvons donc les thématiques de DS9 avec encore plus de noirceur : la guerre, la survie, la mise en péril de nos idéaux et de notre humanité face à d’autres victimes peu enclines à l’esprit d’entraide ou un ennemi immensément plus dangereux que nous. L’excellente scène d’ouverture nous fait bien comprendre que nous ne sommes pas dans une resucée de Star Trek : les bâtiments futuristes sont sombres, impersonnels, ultra-technologiques et sources de claustrophobie. À l’aspect de space opera politique va donc se greffer celui de thriller psychologique.

Idéologiquement, c’est tout aussi riche : dans le contexte de la production de la série, on ne s’étonnera pas que l’équipe de création ait été profondément influencée par le 11 septembre. L’hégémonie de la culture occidentale est à nouveau contestée de façon violente ; il s’agit donc de défendre les droits de l’Homme, et quoi de mieux pour ça que… de tirer dans tout ce qui bouge ? BSG, c’est donc l’histoire de leaders tiraillés entre leur désir de sauver les êtres humains, ce qu’il y a de beau et de sensible dans l’Univers, et celui d’écraser l’ennemi coûte que coûte, quitte à devenir comme lui. Tout comme des États-Unis impatients de laver leur affront dans le sang de l’Iraq, ou plus récemment comme un Israël laissant au pouvoir un gouvernement fasciste pour lutter contre un autre gouvernement fasciste…

Enfin, c’est bien entendu l’occasion de développer une galerie de personnages hors du commun :

  • Tout d’abord le militaire blanc vieillissant empreint de valeurs sacrées qui avait compris avant tout le monde que la guerre, elle allait recommencer ! Sauf que William Adama voit sa vision du monde contredite par les autres personnages : si effectivement les perfides robots Cylons ont anéanti les Douze Colonies, cela ne veut pas dire que l’autorité doit être respectée à tout prix, ou qu’il nous faudrait fuir les autres technologies. Adama est également en froid avec son fils Lee Apollo, qui l’accuse d’avoir tué son frère : dur, dur, d’être un papa omnipotent…
  • Ensuite la Kathryn Janeway locale, Laura Roslin, catapultée présidente après la mort du reste de son gouvernement. Ce genre de femmes plus âgées que la moyenne étant encore peu représenté dans la pop-culture, on ne pouvait que s’en réjouir ; d’autant plus que Roslin a beau être ferme sur ses principes, elle va être mise assez vite dans des situations très douloureuses.
  • Passons à mon personnage-coup de cœur : Starbuck est une troufionne pur jus : amatrice de bagarre et usant d’un humour militaire dans les règles de l’art, elle vient torpiller le virilisme habituel de l’armée en montrant que les femmes aussi aiment les gros muscles et le zizi. Les conflits avec sa hiérarchie (et notamment le sévère colonel Saul Tigh) sont l’occasion de nombreuses joutes verbales dont l’humour décomplexé vient ajouter enfin un peu de légèreté à la série.
  • Sharon Valerii, dite Boomer, est sans doute la soldate dont le destin sera le plus tourmenté. Confrontée à un grave secret sur son identité, elle va tenter désespérément de la refouler avant de l’embrasser pleinement et devenir la créature qu’elle redoutait. C’est sans doute le personnage le plus tragique de la série.
  • Tom Zarek est un prisonnier politique dont les ambitions rappellent celles des décoloniaux. Il refuse que la guerre humain-cylons soit un prétexte pour un gouvernement élitiste et prône toujours la révolution. Oui, avant que vous me le demandiez, c’est un Magneto ; et ses dilemmes moraux vont donner aux gentils du fil à retordre…
  • Initialement, Gaïus Baltar est un playboy libertarien : en gros un Laurent Alexandre avec plus de cheveux. Très favorable aux nouvelles technologies, il fait leur lobbying auprès du gouvernement… jusqu’au jour où il laisse ses données personnelles imprudemment à des Cylons. Il a donc le génocide d’homo sapiens sur la conscience… Et tenez-vous, car ce n’est que le début ! Là où un scénariste charitable l’aurait rapidement fait mourir, Baltar se retrouve parmi les survivants prioritaires et investi de nouvelles responsabilités. Son farouche esprit d’indépendance va être mis à l’épreuve des exigences de l’État, d’un syndrome de l’imposteur sans doute plus que mérité, et du fait qu’une femme cylon aussi terrifiante que sexy, Numéro Six, hante l’intérieur de son crâne…

Saison 1

Prologue

Il s’agit du pilote, en fait une mini-série en deux épisodes d’1h30 rassemblés ici en un seul. Nous découvrons donc la destruction des Douze Colonies et le début des intrigues de chaque personnage principal. Et le résultat est… mitigé : nous avons en effet une trame principale assez classique de film apocalyptique, qui s’étire sur tout de même trois heures ; sans compter une image parfois franchement rétrograde des femmes, où l’une d’entre elles tue un bébé au lieu de s’en occuper pour bien montrer que c’est la méchante…

33 minutes

Le Galactica doit défendre les civils d’attaques se produisant toutes les 33 minutes. Cela ne laisse jamais le temps à son équipage de dormir, et tout le monde est sur les nerfs, mais au moins on sait quand l’ennemi frappera. Jusqu’au jour où il change ses horaires… Un bon épisode, poussant un cran plus haut les extrémités psychologiques déjà élevées de deux personnages.

L’Eau

Le Galactica doit se réapprovisionner en eau. La mission passe cependant vite au second plan devant toutes les sous-intrigues que commence à élaborer la série. Reste à savoir où tout ça va nous mener…

Révolution

L’épisode précédent avait laissé son principal problème en suspens : on fait appel aux derniers prisonniers de l’Humanité pour qu’ils fassent le sale boulot. Problème : Tom Zarek ne l’entend pas de cette oreille, et il est aussi fort en rhétorique qu’en coups de théâtre. Un très bon épisode, introduisant le personnage de manière généreuse plutôt que de se contenter de le teaser en mode 40 minutes de « Il vient d’un passé lointain et c’est un méchaaant« . La question carcérale est partie pour être mieux traitée que dans, à tout hasard, Babylon 5

Confession / Crash sur la lune

Starbuck a la mort du frère de Lee sur la conscience alors qu’elle doit assurer la formation des nouveaux pilotes qui devront affronter les Cylons. Un très bon double épisode traitant sans apitoiement ni voyeurisme de la culpabilité, et bien entendu du pardon.

L’Attentat

Un attentat a lieu sur le Galactica, laissant entendre que les Cylons se sont infiltrés sous forme humaine. La métaphore avec le 11 septembre est filée : dorénavant, n’importe qui est suspecté de terrorisme… mais on n’aborde pas les personnes en bas de l’échelle sociale, qui y sont les plus vulnérables. Une histoire assez moyenne, quand il aurait été passionnant d’explorer les différentes minorités des Douze Colonies (d’autres épisodes corrigeront le tir).

Les Croyances de Baltar

Baltar est accusé de trahison ; et les choses sont d’autant plus catastrophiques qu’il en sait plus qu’il ne faudrait… et qu’il n’a aucun courage. Ce personnage ambigu est difficile à juger pour le public, divisé entre pitié et exaspération. Une rédemption est peut-être possible grâce à la religion… à moins qu’elle ne soit qu’un simple leurre vers quelque chose de beaucoup plus sombre. Un excellent épisode, qui ne sombre jamais dans le simplisme et montre d’un côté que même les pires lâches sont dignes d’empathie, de l’autre à quel point les manipulations de pouvoir peuvent faire reculer les limites du cynisme.

De chair et de sang

La paranoïa continue : Starbuck doit interroger un homme très soupçonné d’être un Cylon. S’il est bel et bien une machine, alors il ne devrait y avoir aucun mal à le torturer… Mais si une machine pouvait avoir une âme ? Encore un excellent épisode, revisitant un vieux paradigme de la SF, et qui table très efficacement sur la pitié grâce à son jeu et d’acteurs et surtout le renversement des valeurs : si grâce à Star Trek et Babylon 5, on avait plusieurs fois vu les héros se faire torturer, cette fois ce sont eux les bourreaux ; jusqu’où peut-on aller même lorsqu’on défend l’Humanité ? Le secret à la toute fin aurait pu repousser encore plus loin tout manichéisme ; hélas, il s’agit de toute évidence d’une fausse révélation, probablement à la base une piste laissée de côté par les scénaristes.

Le Retour d’Hélène

Hélène, la femme du colonel Tigh, est de retour alors que tout le monde la croyait morte. Est-elle une Cylon ? Un assez mauvais épisode, car l’introduction de ce nouveau personnage ne laisse guère le temps de la développer correctement. Elle semble donc reprendre tout un tas de clichés sexistes : hystérique, nymphomane, calculatrice, dévergondée…

Le Minerai de Tylium

Il n’y a pas qu’en eau qu’il faut s’approvisionner : toutes sortes d’autres matières premières sont à prendre pour la route, dont le fameux tylium. Commence une mission-suicide bien entendu compromise par cet imbécile de Gaius. Un très bon épisode spectaculaire, bien qu’il soit bien plus léger sur l’aspect réflexif.

La Fête coloniale

Tom Zarek est candidat au poste de vice-président. Hors de question de laisser un criminel s’installer au sommet du pouvoir… même si son programme est bien meilleur que celui de Roslin ? Même lorsqu’ils sont censés être les gentils, les gens sont prêts à tous les coups de pute : un excellent épisode qui n’est pas sans me rappeler mes deux ans de militantisme politique. Le personnage de la femme de Tigh devient également moins caricatural, et semble désormais avant tout une politicarde en quête de pouvoir.

À la recherche de la Terre

Ça y est, ce qui reste des Douze Colonies a retrouvé Kobol, la planète-mère de l’Humanité. Faut-il la réhabiter ou continuer à chercher cette lointaine chimère qu’est la Terre ? Le questionnement déterminera toutes les croyances des survivants, déjà tous profondément éprouvés physiquement et psychologiquement. Un excellent double épisode final avec son lot de sang et de larmes, et qui laisse entendre que nous n’avons pas fini d’en baver…

Saison 2

Le Tout pour le tout / Les Centurions de Caprica / Tentation du pouvoir / Résistance / La Ferme / En route pour Kobol

C’est bien joli de foutre un bordel monstre avec le season finale, mais il va bien falloir un heptuple épisode pour réparer les pots cassés. Et pourtant, chacun des segments qui le composent parvient à trouver son identité propre : le premier montre les conséquences directes de la situation délicate dans laquelle l’Humanité s’est fourrée ; le deuxième montre la survie des militaires dans un Galactica changé en champ de bataille ; le troisième montre une autre survie, cette fois dans la jungle façon guerre du Vitenam ; le quatrième met en parallèle la vie des survivants de Caprica et les premiers signes d’instabilité politique du nouveau gouvernement ; le cinquième montre un huis clos horrifique, et le sixième en deux parties montre une quête épique sur les ruines des civilisations perdues de Kobol. Tout cela témoigne d’une forte diversité d’ambiances pourtant harmonisée en un vaste feuilleton. Bien sûr, il y a quelques défauts : on passe très vite sur l’absence de Sharon pendant une bonne partie de l’histoire et l’officière Dualla se remet étonnamment vite d’un traumatisme ; mis à part ça, que d’émotions ! J’ai quasiment tout vu d’une traite.

La Dernière séquence

Le Galactica autorise une équipe de journalistes à filmer l’armée, quitte à la montrer sous un jour vulnérable. Nous voyons bon nombre des blessures psychologiques que peuvent souffrir les militaires, ce qui nous permet de les comprendre même lorsqu’ils prennent des décisions irrationnelles : l’absence de manichéisme en fait donc un assez bon épisode, mais la fin conclut tout de même un peu rapidement. L’armée reste montrée comme le seul rempart face aux Cylons, c’est-à-dire les terroristes dans le contexte de création de la série… Ce qui est pour le moins discutable. Pire encore, le twist final laisse entendre que certains journalistes sont dans les rangs de l’ennemi !

Le Vol du Phénix

C’est peut-être le début de la fin pour nos fugitifs : les problèmes de santé de Roslin s’aggravent, les avaries commencent à se faire sentir, et les soldats se disputent, notamment sur la question des « agents dormants », ces Cylons qui ne savent pas qu’ils en sont. Un très bon épisode pour retrouver l’espoir, et même un peu de foi en l’Humanité.

Pegasus / Opération survie

Le Galactica découvre qu’un autre battlestar a échappé aux Cylons : l’USS Equinox, pardon, le Pegasus. Des militaires ont dû se débrouiller seuls dans l’espace durant des semaines et si leurs corps ont survécu, rien ne dit que c’est le cas de leur humanité. Pourtant, eux aussi tentent de respecter la vie humaine, ce qui donne au tout des allures de tragédie implacable. Un excellent double épisode, mais à ne pas mettre entre toutes les mains, du fait qu’il aborde très crûment une réalité qui se trouve hélas dans toutes les guerres. Notons toutefois que cela permet à ce salopiot de Gaius Baltar de laisser espérer enfin un début de rédemption…

Révélation

Roslin atteinte d’une maladie grave tente de maintenir l’ordre à bord de son vaisseau, tandis que de mystérieux pro-russes, pardon, rebelles, tentent de négocier une paix avec les Cylons. Un très bon épisode malgré l’attitude d’un personnage qui semble quelque peu contradictoire avec son évolution… mais qui reste suffisamment dans le flou pour permettre d’élaborer des hypothèses là-dessus. C’est là qu’on se rend compte, une nouvelle fois, à quel point Baltar est capable du meilleur comme du pire ; il n’était en revanche pas franchement utile de coller une romance dans le passé de Roslin.

Marché noir

Lee enquête sur les trafics au sein de la flotte des survivants humains. Un bon épisode bien que classique, reprenant les codes du film noir non pas de façon gratuite, mais parce que sa brutalité et son pessimisme cadrent parfaitement avec le propos de la série. Notons cependant que le ton est une nouvelle fois extrêmement cru pour aborder des sujets sensibles, et ne conviendra pas aux victimes de traumatismes importants.

Double affrontement

Starbuck subit de plus en plus péniblement son deuil amoureux et se lance dans une quête suicidaire pour attaquer le plus redoutable vaisseau-Cylon. Pour ses penchants morbides mais aussi son discours très compatissant sur le deuil, cet épisode évoque fortement Mortal Coil dans VOY ; mais le ton est évidemment plus âpre, la dépression plus profonde, l’espoir plus discret quoique bien présent. Faites donc attention si vous regardez cette histoire lors d’une dépression : ça ne guérit pas, mais ça peut aider à surmonter la souffrance.

La Vengeance

Difficile de faire plus générique avec ce titre (surtout quand on connaît la trilogie du même nom faite par Morsay !). Et effectivement, nous avons affaire à une simple histoire de huis clos et de prise d’otage… mais les choses se corsent car Ronald D. Moore sait mener sa barque. Entre la mort d’un personnage attachant et la balle perdue d’une gentille qui pour une fois a des conséquences, nous avons là un nouveau bon épisode !

Une main de fer

Le Pegasus a un nouveau commandant, et si vous connaissez bien TNG, il vous évoquera certainement le capitaine Jellico : autoritaire, colérique, égocentrique, il semble incapable de prendre les bonnes décisions. Mais bien sûr rien n’est tout noir ou tout blanc : il y a toujours une place dans un collectif pour se rendre utile. Pendant ce temps, Baltar est travaillé entre son désir de rédemption et sa soif de pouvoir ; mais de toute façon, comment pourrait-il tomber plus bas moralement qu’il ne l’a déjà fait ? La réponse se trouve dans ce très bon épisode, qui montre que même lorsqu’une situation semble désespérée, se confier à des lois liberticides et une autorité supérieure présente toujours le risque d’une dérive autocratique et opportuniste.

Téléchargement

Une agente dormante cylon se réveille parmi les siens alors qu’elle a refusé d’accepter sa nature toute sa vie. Contrainte de collaborer avec les siens, elle espère sauver la race humaine et faire cesser la guerre. Un bon épisode qui redonne de l’espoir concernant une possible humanité cachée au cœur de chaque cylon, même si comme nous allons le voir dans la suite tout n’est pas aussi simple…

Posez votre fardeau

Enfin un peu d’espoir : les humains découvrent une planète habitable, où ils pourront reconstruire leur civilisation sur des bases plus saines… Attendez, comment ça, on devait chercher la Terre ? Encore un excellent final, qui donne enfin des éléments de réponse sur les mystères cylons (et ils sont tout à fait glaçants).

Saison 3

Mission suicide / La Grande rafle / Exode

Comme pour la saison précédente, il s’agit maintenant de réparer les pots cassés ; or cette fois-ci les épisodes trouvent moins bien leur identité propre, d’où le fait qu’il aurait été plus logique de les nommer Exode (partie 1 à 4) plutôt que de donner des titres différents aux deux premiers.

Reste que le feuilleton est toujours aussi palpitant : les personnages dévoilent un peu mieux ce qu’ils ont dans leur ventre à présent qu’ils se retrouvent dans une situation rappelant l’Occupation française. La femme de Tigh a toujours peu de scrupules pour tout, mais elle aime malgré tout profondément son mari, ce qui suscite en nous enfin de l’attachement pour elle, augmentant ainsi le tragique de ce quadruple épisode. Baltar va de plus en plus loin dans son autodestruction : on a toujours envie de l’égorger tout en continuant de s’attacher à lui. Par contre, Starbuck se retrouve à devoir gérer de la marmaille… c’est-à-dire tout son contraire. C’est un peu trop rapidement traité pour un personnage féminin qui est l’exact opposé d’une mère au foyer ; mais la fin laisse entendre que cet arc continuera d’être développé plus tard…

Le Cercle

Après l’Occupation vient le temps de l’épuration : qui doit-on épargner et qui doit-on tuer ? Un comité de justice secrète est mis en place, légal mais avec quand même des allures quelque peu berserks. Un très bon épisode sur la vengeance et la justice punitive ; reste qu’il faudrait en faire un autre sur le devoir de mémoire…

La Tête de lion

Starbuck est de plus en plus mal dans sa peau ; de son côté, Baltar continue ses compromis foireux pour survivre. Un bon épisode sur l’évolution de quelques-uns des meilleurs personnages.

La Balise

Une pandémie se déclare parmi les cylons ; les humains ont une chance de les exterminer une bonne fois pour toutes. Comme avec les Fondateurs dans DS9 ? Reste que dans un univers aussi éprouvé, même les personnages pétris des plus belles convictions n’ont pas la clémence de la Fédération. L’un des soldats les plus importants de la saison 1, Carl Agathon, va devoir user de prouesses rhétoriques et stratégiques afin d’empêcher un génocide, ce qui en fait un excellent épisode.

Héros

Un ancien camarade de front d’Adama revient dans la flotte après avoir été fait prisonnier par les Cylons. Un très bon épisode, encore une fois sur le pardon et la culpabilité, mais dont le ton bien plus sombre et pessimiste rappelle qu’il est nécessaire de se serrer les coudes même lorsque tout le monde considère que vous êtes un parfait salaud (y compris vous, bien sûr).

Le Grand combat

Quand les militaires ont des comptes à régler, ils le font sur le ring. Un épisode très bof, assez anecdotique, ce genre de fillers de mi-saison qui tente faire du mélo sans s’en donner les moyens, faute d’enjeux. Restent la justesse d’Adama dans son jeu élégiaque, le message sur la réconciliation, et la manière pour Starbuck de s’affirmer en se faisant à la fois séduisante et bourrine.

Le Passage

Une soldate tente d’oublier son passé resurgissant au cours d’une mission dangereuse. Bon épisode, qui tease la suite sans dire grand-chose pour autant, mais permettant une nouvelle fois d’approfondir la psychologie de Starbuck… et qui donne une fin digne de ce nom à sa grande rivale.

L’Œil de Jupiter / Extase

Tyrol découvre un sanctuaire qui semble donner des indices pour trouver la Terre. Un assez bon double épisode, rythmé mais frustrant pour toutes les questions laissées en suspens.

L’Interrogatoire

C’est le début de la fin pour Baltar : tout le monde est convaincu de sa trahison, et ses relations avec Roslin sont plus que tendues. Mais cela donne-t-il à cette dernière le droit de le torturer pour en savoir plus sur les Cylons ? Et Baltar cherche-t-il vraiment à se racheter ou juste sauver sa peau ? Un excellent épisode qui porte à son climax sa culpabilité.

Les Sagitarrons

Le Galactica doit accueillir des Sagitarrons, un peuple pétri de superstitions primitives sur la médecine moderne. Sauf que des doutes sérieux commencent à être émis sur leurs traitements… Si cette histoire peut facilement être récupérée par les antivaxs et autres obscurantistes de tout poil, elle a le mérite de critiquer le rapport très vertical traditionnellement établi entre médecin et patient, ce qui en fait un assez bon épisode.

Un jour particulier

Adama doit assurer son commandement le jour de l’anniversaire de sa femme, ce qui n’est pas sans lui rappeler quelques souvenirs douloureux. Pendant ce temps, le chef mécanicien Galen Tyrol et sa femme voient leur vie commune mise à l’épreuve par un nouvel incident. Un bon épisode sur la vie en couple et toute sa complexité, porteur d’espoir sans mentir sur le fait que l’amour ne triomphe pas toujours.

Grève générale

Une grève menace d’éclater parmi les mécaniciens dont l’exploitation évoque très clairement le XIXe siècle ; hélas, le fait qu’ils cessent d’entretenir les machines menace l’ensemble de la flotte. Bon, vous connaissez mes penchants politiques, vous savez que cet épisode ne pouvait pas me laisser indifférent : et même si le bilan est globalement positif (comme dirait Georges Marchais), je reste quand même mi-figue mi-raisin : le compromis trouvé diminue l’écart entre classes exploitantes et exploitées, mais reste dans le but d’une conciliation plutôt que leur abolition, et laisse craindre qu’un jour les inégalités se creusent à nouveau ; de même, le choix de Roslin d’interdire la grève est tout à fait compréhensible en raison de l’état d’urgence, mais vous vous doutez bien que dans la vraie vie, le pouvoir en place abuse souvent de l’étiquette « état d’urgence » pour faire passer son programme. Et surtout, Gaius Baltar qui tente de se refaire une santé en jouant les révolutionnaires ? Soit, mais dans ce cas-là, lui faites pas reprendre le vocabulaire marxiste, faites-en un boulangiste : c’est bien plus raccord avec son libertarisme transhumaniste qui iconise des hommes providentiels. Un choix scénaristique stupide qui occulte la vraie question que tout le monde se pose : qu’en pense Tom Zarek ?

Ouragan

Starbuck est de plus en plus aux prises avec sa dépression. L’épisode semble lui offrir une conclusion… qui laisse beaucoup trop de questions en suspens. Du coup, fini ou pas fini ? La fin dramatique est marquante, mais le délire mystique dans lequel elle est prise continue et laisse entendre que cette fameuse conclusion n’est en réalité qu’une nouvelle fin ouverte. Encore un épisode palpitant mais pour un résultat mitigé.

L’Affrontement

Gaius Baltar va devoir répondre de ses (innombrables) erreurs devant un tribunal. Un avocat louche se charge de le défendre, mais de nombreux attentats tentent de le dissuader de mener un procès équitable… Un bon épisode qui nous plante un nouveau personnage charismatique, mais qui, on s’en doute, sert surtout d’amorce pour l’imminent season finale.

Croisements

Voilà le procès tant attendu… encore une fois réduisant en miettes toute forme de manichéisme. Au lieu d’un gros cliffhanger, nous en avons trois (à peine plus) petits, ce qui relance avec élégance le rythme déjà tambour battant de la série. Avec un superbe plan final de la galaxie sur fond de stoner… Que demander de plus ?

Saison 4

On arrive au bout, et on a encore à recoller pas mal de morceaux : si c’était déjà difficile de prendre les épisodes individuellement, toute la saison 4 ne peut plus se regarder que comme un immense feuilleton avec des épisodes parfois plus longs, voire dépassant largement 1 h. Essayons d’en dire le moins possible : disons que Starbuck comme Baltar se sentent chacun investis d’une mission sacrée, ce qui leur confère des allures messianiques. On voit donc se dessiner une dynamique Christ / Antéchrist entre la brave pilote prêchant dans le désert et notre séduisant égocentrique. Mais contrairement à DS9, rien n’est clair : Starbuck semble folle, tandis que Baltar prône un message qui semble bien plus proche de la Bible que son homologue « gentil ». Sans compter que l’épisode central de la saison, Déception, occupant la place très symbolique de venir juste après les 10 premiers et juste avant les 10 derniers, vient brutalement redistribuer les cartes. À partir de là, les personnages, quasiment tous anéantis, vont devoir essayer de se reconstruire, avec une dépression plus forte que jamais, une colère populaire grandissante, et surtout l’épuisement d’avoir passé des années à se faire traquer dans l’espace…

Une fois de plus, on se prend au jeu de l’imprévisibilité et on ne peut que saluer l’attachement suscité par chaque faction (y compris les cylons) ; mais j’aurais aimé un traitement plus subtil de Zarek, celui-ci délaissant totalement sa politique sociale pour embrasser une pure démagogie xénophobe. En revanche, le triple épisode final, La Mère de l’Humanité, restera longtemps dans les mémoires pour sa longueur et son intensité émotionnelle.

Quand y’en a plus…

Les téléfilms / films direct-to-DVD

Razor

L’USS Pegasus vient de rejoindre la flotte et s’apprête à une nouvelle mission. En parallèle de ça, Shaw, une officière, se remémore les nombreux traumatismes endurés en cours de route… Un très bon téléfilm, bien qu’une nouvelle fois extrêmement pessimiste, venant approfondir le passé de ce mystérieux vaisseau (imaginez comme ç’aurait été bien si VOY avait fait la même chose pour l’Equinox au lieu de ne plus jamais en parler passé son double épisode…). Tout ça pour nous poser une question au centre de la série : mérite-t-on vraiment de survivre si pour cela nous devons renoncer à notre Humanité ? Mais cette fois-ci, on la pose du point de vue de quelqu’un qui a sombré.

The Plan [Mention « Vu en VO »]

Cette fois-ci c’est la bonne, vous saurez tout sur le plan des Cylons puisqu’on va vous montrer chacune de ses étapes chronologiquement. Bon, en réalité, on n’apprend pas grand-chose qu’on ne savait pas déjà, mais le début approfondit le lore et offre des scènes parmi les plus spectaculaires de la saga. Quant au plan final, suivi d’un générique avec sans doute la meilleure reprise de la musique de son générique, il va encore me donner des frissons d’excitation pour un bout de temps…

Blood and Chrome

Une préquelle initialement diffusée sous la forme d’une mini-série, montrant les débuts du commandant Adama. Bon, il s’agit d’un canevas très classique, mettant en scène un personnage totalement opposé à celui qu’on connaît, naïf et arrogant, et qui va par des épreuves successives atteindre la voie de la sagesse. Les batailles spatiales restent jolies, mais il s’agit dans l’ensemble d’un téléfilm assez dispensable

Les webisodes [Mention « Vu en VO »]

Durant la grève des scénaristes qui a retardé la fin de la saison 4, deux mini-webséries d’une demi-heure chacune sont sorties pour donner aux fans un os à ronger. Je sais pas pour vous, mais pour moi ça sent du lore en plus ne servant qu’à faire joli. Et pourtant, elles jouissent toutes deux d’une qualité d’écriture suffisamment rare pour être signalée.

The Resistance

Une très bonne websérie montrant les débuts de la résistance qui s’établit entre les saison 2 et 3, ce qui ne peut que réjouir ceux qui comme moi pensent qu’elle aurait mérité davantage d’épisodes. Si le scénario pourrait très bien être transposé à un univers non-fictif (il s’agit littéralement de situations dans lesquelles ont été plongées des centaines de résistants durant l’Occupation française), il traite avec suffisamment de finesse les parcours de deux personnages pour se rendre compte que rien n’est jamais simple, et entre en résonance avec une certaine parabole de Jésus, où un père demande à ses enfants de venir l’aider et où chacun lui répond d’une manière très différente…

The Face of the Enemy

Épuisé par ce qu’il a subi au début de la saison 4, le lieutenant Gaeta est envoyé se reposer sur un vaisseau qui se retrouve bloqué dans l’espace. Un huis clos particulièrement resserré s’opère alors, et il se rend compte qu’il pourrait très bien n’être pas si innocent que ça sur sa conduite à l’époque de la résistance. Une excellente websérie qui nous permet de mieux comprendre les choix que ce personnage fera par la suite ; et le fait que nous connaissions la suite de son parcours ne rend sa condition que plus tragique encore. C’est toute la force de BSG : nous faire comprendre que les pires atrocités ne se commettent jamais gratuitement et qu’il faut s’abstenir de juger trop vite un bourreau, de peur d’en devenir un autre. Hélas, même Roslin aura tendance à l’oublier…

Et bien sûr, son épisode final n’est plus trouvable nulle part sur Youtube pour des raisons d’ayant-droits (oui, ce site laisse parler des néonazis et des pédophiles, mais par contre, pas question de rigoler sur la propriété). Je n’ai pu voir la fin que grâce à un ami moins soucieux de la législature ; pour les autres, il faudra se contenter d’une fin compréhensible mais abrupte…

Conclusion

Ronald D. Moore est décidément un grand de la télévision étasunienne : sans doute agacé que l’univers Star Trek baigne encore trop dans la gentillesse et les bons sentiments, il décide de le prendre à rebrousse-poil et nous livre une version ultra-hardcore de VOY et DS9. Alors certes, ça rigole beaucoup moins et c’est même franchement déprimant par instants, mais le rythme ne faiblit quasiment jamais, les personnages sont travaillés et attachants, et surtout on a là une critique d’à peu près toutes les dérives autoritaires dans lesquelles pourrait sombrer l’Humanité en cas d’extermination massive. BSG est une série passionnante, et rien que pour ces quelques raisons elle mérite d’être regardée (accrochez quand même vos tripes en lieu sûr, on sait jamais). Quant à moi, il est possible que je me décide un jour à voir la série originale, ou encore Caprica, la préquelle qui a vu le jour ensuite ; parce qu’après tout, c’est pour ma culture…

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