Non ! La fantasy aurait donc des poncifs ? Gobelins, elfes, anges, démons, dragons, châteaux et épées magiques, ce seraient des choses qui y reviendraient un peu trop souvent ?! Chaque auteur digne d’intérêt tente ou bien de fuir ces archétypes, ou bien de les renouveler pour ne pas les laisser se transformer en stéréotypes. Parfois, une autrice sympathique comme Maggie Furey s’amuse à cumuler énormément d’éléments classiques pour livrer une aventure généreuse en rebondissements. Mais là où se démarquent vraiment des maîtres comme ceux qui ont créé le jeu de cartes Magic : The Gathering, c’est qu’ils reprennent eux aussi une grande quantité de tropes mais en les poussant tous au maximum. En découlent de véritables tueries visuelles mélangeant les styles, les époques, les échelles de gigantisme ; et lorsque c’est mêlé à un peu de fantasy plus avant-gardiste, c’est encore mieux.

Magic-Legendes-2-1024x479

Au fil des années, le multivers du jeu Magic a acquis une richesse et une ambition incommensurables. Porté par des illustrateurs variés obsédés par l’amour du détail, il émerveille des millions d’amateurs de la fantasy. Et si vous êtes aussi ignares que moi sur ses règles tarabiscotées, ne craignez rien : Jay Anneli, l’un de ses conseillers, a décidé de compiler ses meilleurs artworks dans une encyclopédie illustrée de (seulement…) 250 pages.

scan_art.html

On découvre ainsi la complexité de cette quinzaine de mondes reliés ensemble par une Histoire commune s’étendant sur des millénaires (paradoxes temporels non compris). Autant prévenir, malgré la démesure, on reste dans de la Big Commercial Fantasy : les alliances de certaines factions entre elles semblent franchement illogiques, et les personnages sont du genre : « Je vais me battre jusqu’au bout pour instaurer une monarchie absolue qui ne pourra qu’apporter à mon peuple la paix et la liberté ! » ou bien « Il m’a volé ma tototte le jour de ma naissance, l’Univers entier va subir ma VENGEAAAAANNNNCE ! ». Sans doute des biographies plus longues auraient-elles pu nuancer un peu plus la donne ; en l’absence de quoi, on est entourés de grands méchants carnavalesques et de héros loyaux bons avec tout de même une grosse tendance à se darkvadorifier.

Brisela

Ceci étant posé, regardons tout de même le cœur de l’ouvrage : ses visuels ! Et c’est splendiose, oui, je maintiens, il n’y a pas d’autres mots. Les gobelins ont des gueules surprenantes, les êtres maléfiques sont inventifs et vont piocher aussi bien dans le psychédélique que le lovecraftien, de gigantesques dieux se déploient dans un ciel étoilé, d’immenses jungles s’offrent à nous, des héros regardent l’horizon depuis leur désert avec une étrange mélancolie. Des civilisations plus exotiques sont également convoquées, ainsi que l’art gothique et peut-être quelques éléments de celui Nouveau. C’est riche, pas toujours original ou subtil, mais toujours prêt à dépasser les limites de l’incroyable pour revenir à ce qui constitue selon moi la base même de la fantasy : l’émerveillement.

Unknown

Bref, Magic : Légendes est un Beau-Livre spectaculaire, un divertissement d’une ambition rare dans un monde où les blockbusters jouent eux aussi sur la démesure, mais sans oser aller aussi loin dans la diversité, la complexité ou encore les visuels horrifiques. Wizards of the Coast a sorti d’autres livres du même tonneau (de potion magique), et il n’est pas impossible que je mette un jour la main dessus. Ça me dépaysera, ça me donnera une nouvelle occasion de râler sur le manque d’ambition de la littérature blanche ; et puis dans tous les cas, c’est pour ma culture…

s-l400

Bonus : Pour tout savoir de cet univers, je vous laisse avec la vidéo de Maxwell et ALT236 :

2 commentaires sur « « Magic : Légendes » : Fantasy +++ »

Laisser un commentaire