Journal de bord de l’amiral Scribouille : notre mission touche à sa fin. Après un quiproquo diplomatique m’ayant fait monter pas mal d’échelons et accessoirement un ou deux massacres de masse, je me retrouve dans un fauteuil beaucoup trop grand pour moi avec un équipage qui ne connaît aucune autre série de SF que Dans une galaxie près de chez vous. La solitude se fait d’autant plus sentir que j’arrive face à la dernière série du Old Trek : Enterprise. C’est la fin du Star Trek « originel », avec cette série-préquelle si mal-aimée à sa sortie qu’elle a dû se conclure au plus vite, une sorte de Prélogie dans cet univers avant qu’il ne sombre une bonne décennie dans l’oubli avant de se faire ressusciter pour le meilleur (et sans doute surtout pour le pire) par J. J. « Gros boum-boum » Abrams. Alors, Star Trek : Enterprise mérite-t-elle sa réputation de brebis galeuse ? Je tâche d’effectuer un diagnostic à l’aune de mon téléviseur positronique.

Impression générale

Disons-le, si comme moi rien ne vous agace plus que les défauts habituels des préquelles, ENT a quelques moments pénibles. Quand on découvrait les borgs avec Picard dans TNG, il y avait cette impression de mystère, de terreur sainte, et même si on apprenait par la suite dans VOY que la Fédération en savait déjà visiblement assez sur eux pour avoir déjà laissé le père de Seven s’y rendre sur place, on ne se serait jamais imaginé qu’un capitaine de la Fédération ait déjà croisé leur chemin. Dès lors, l’exploit de Picard d’avoir rencontré les Borgs (et d’y avoir survécu) nous apparaît comme moindre, tout comme l’aide importante de Q pour la survie de l’Humanité. Les séries que nous aimions deviennent moins spectaculaires, au profit d’un nouveau spectacle moins novateur, mais reprenant les trouvailles de ses précédesseurs en s’en attribuant le mérite.

Et puis, comme il s’agit d’étendre le lore tout en tentant d’attirer un nouveau public, il faut un peu de pédagogie, et si possible putaclic : Star Trek n’a jamais caché que ses personnages avaient des relations sexuelles, mais il n’en mettait jamais gratuitement. Ici, dès le pilote, le viol est évoqué sans servir à l’intrigue, et une scène de discussion se fait au cœur d’une sorte de douche sonique collective, dans le plus simple appareil.

Pourtant, si vous êtes des trekkies qui se respectent, vous avez tout intérêt à regarder cette série pour deux raisons. Et la première est justement qu’il s’agit d’une préquelle.

En effet, nous sommes un siècle avant les évènements de TOS, et la conquête spatiale humaine reste balbutiante. Le vaisseau Enterprise-NX est ainsi l’ancêtre des vaisseaux USS (dont l’USS-Enterprise de Kirke), et le premier vaisseau supraluminique de taille importante qui soit construit par Starfleet, à l’époque une simple branche militaire de la Terre unifiée depuis peu. La Fédération quant à elle n’existe tout simplement pas, l’Humanité se trouvant sous la tutelle du Haut Commandement vulcain, paternaliste et se croyant guidé par sa droite raison : plutôt que l’idéal démocratique habituel, nous nous retrouvons donc plongés dans une « savantocratie » à la Jancovici, très verticale, où les humains ont du mal à faire entendre leurs droits. Que vaut-il mieux, après tout, des peuples libres, ou guidés par des spécialistes ? Le contexte politique est donc en proie à des visions du monde très opposées, et donc de nouveaux dilemmes moraux.

Par-delà l’aspect réflexif, il y a celui esthétique : nous n’avons pas encore atteint la technologie futuriste des séries suivantes, mais elle est déjà supérieure à la nôtre. Nous nous trouvons dans un entre-deux de bric et de broc, où la trouvaille révolutionnaire côtoie l’équipement archaïque. Difficile de survivre à l’espace dans de telles conditions, et pourtant le capitaine Archer et ses hommes y arrivent : c’est avec une certaine émotion que nous le découvrons ainsi prendre possession de ce qui est à peine plus qu’un tas de ferraille, à une époque où les êtres humains s’amusent et s’émerveillent encore de la gravité artificielle, qu’ils s’ouvrent à une médecine galactique encore balbutiante et qu’ils s’élancent vers un univers encore immense, méconnu et hostile.

Deuxièmement, la série est la seule du Old Trek avec DS9 à posséder un arc narrant sur plusieurs saisons un conflit des humains avec une autre puissance galactique. Bon, vous me direz, la technologie est plus réduite, donc l’arsenal pyrotechnique est moindre, à quoi bon se taper une version eco+ de DS9 ? Sauf qu’ici le conflit est régi par une technique novatrice, la guerre froide temporelle : car oui, les guerres temporelles existent, et vous devez bien les connaître si vous avez vu L’année de l’enfer (VOY) ; mais que se passerait-il si les belligérants, au lieu d’intervenir directement dans le passé de leurs ennemis, préféraient à la place liguer contre eux des puissances politiques disparues ? Voilà qui les rend plus difficiles à vaincre…

C’est donc le début des aventures de Jonathan Archer, un capitaine fougueux et tête brûlée dans le style de Kirke, à ceci près qu’il fait moins yankee idéalisé car son âge avancé lui donne un peu plus de tempérance… et qu’il est rendu également plus touchant par sa profonde relation avec son chien Porthos. Phlox, le médecin de bord extraterrestre, n’est pas avare en remèdes expérimentaux, et devient vite attachant pour sa capacité à aborder n’importe quel sujet avec bienveillance mais sans filtre. T’Pol représente les autorités vulcaines, ce qui fait d’elle aussi bien une potentielle alliée qu’une ennemie ; le reste de l’équipage que nous suivons est moins intéressant, composé de Tucker, Reed et Travis, trois portraits typiques de l’ingénieur anglo-saxon, blanc (sauf le dernier), masculin, et au mode de vie sans grande originalité. Il m’a fallu un moment pour déceler les quelques nuances faisant qu’ils ont un caractère différent : Tucker est plus impulsif, Reed distingué et Travis… jovial ? Vous l’aurez compris, les personnages noirs sont moins bien traités que dans DS9. On constate donc, toujours dans le souci de s’ouvrir à un public plus large, que la diversité des profils à suivre est moindre qu’auparavant, ce qui la fout mal dans une saga progressiste et internationaliste. Les fans des séries précédentes ne se priveront pas de rappeler à quel point l’univers s’est ricainisé…

Notons enfin que la perte d’un certain savoir-faire scénaristique se fait sentir sur un point tout particulier : les séquences pré-générique. Dans DS9, elles étaient presque des mini-épisodes à part entière ; ici, elles ne durent qu’une minute ou deux et se résument à « tiens, un nouveau truc apparaît à bord du vaisseau ». Impossible dans de telles conditions de ressentir un quelconque enjeu dramatique.

Saison 1

En avant toute

L’Enterprise doit ramener un klingon sur sa planète, alors que de mystérieuses entités politiques le traquent. L’espèce est encore mal connue, et son aspect belliqueux n’encourage pas à la confiance. Bon, malgré les défauts évoqués plus haut, je trouve qu’il s’agit d’un excellent pilote : tout d’abord parce qu’il pose toutes les bases et principaux enjeux de la saga tout en pouvant être regardé juste pour lui-même, ensuite pour son inventivité dans les scènes d’action. Les sulibans sont de nouveaux ennemis passionnants, génétiquement modifiés par leurs mystérieux patrons du futur pour avoir toutes sortes de superpouvoirs. L’interaction des personnages avec les différents environnements donne également lieu à des rebondissements que je vous laisse découvrir, ce qui accouche d’un très bon divertissement dans lequel commencent déjà à poindre les premiers questionnements philosophiques qui forgeront Starfleet.

Mission d’exploration

Hoshi se retrouve confrontée à ses phobies de l’exploration quand l’équipage fait face à un vaisseau fantôme et une grosse crise diplomatique. Un épisode très moyen, développant le personnage mais au rythme poussif et où aucun de ses mystères n’est franchement résolu.

Le peuple de la grotte

L’équipage campe sur une magnifique planète… qui semble habitée par de mystérieux extraterrestres hostiles. Un assez mauvais épisode : le début nous tease un contact avec des formes de vie minérales et un mauvais coup des vulcains, mais le scénario part finalement sur une histoire beaucoup plus modeste autour de la confiance comme grande valeur de Starfleet.

Les Xyrilliens

Tucker est envoyé sur un vaisseau extraterrestre à la culture très différente de celles de la Terre. L’histoire démarre bien, le dépaysement est réel, mais à la moitié de l’épisode le ton change brusquement puisqu’il regagne l’Enterprise et se découvre… enceint.

Bon. Les comédies autour du changement de sexe et du travestissement peuvent aussi bien accoucher de blagues très progressistes comme d’autres très réactionnaires, et la ligne est parfois fine entre les deux. Il ne suffit pas de reprendre les clichés sexistes d’une femme qui a ses règles / tombe enceinte pour faire rire : en revanche, on peut 1/ rire de manière plus subtile des réalités ignorées de la grossesse ou au contraire 2/ pousser les potards à fond pour montrer que lorsqu’ils sont en situation de vulnérabilité, les hommes sont encore plus drama-queens que ce qu’ils voient ou veulent voir chez les femmes. Seulement là, on ne choisit aucune des deux options, pour la bonne et simple raison que cet épisode n’est pas une comédie. Seules quelques blagues timides sont esquissées, dilapidant ainsi le potentiel des 20 premières minutes, ce qui en fait un franchement mauvais épisode.

La Colonie perdue

* En anglais Terra Nova (titre d’une série elle aussi guère connue pour ses qualités…)

L’Enterprise part retrouver une colonie du tout début de la conquête spatiale qui s’est construite à la dure, avec un voyage supraluminique « lent » de plusieurs années, des conditions matérielles rudes… et le sabotage de tout contact avec la Terre. Les survivants se sont réfugiés dans des grottes après un accident radioactif, ont inventé leur propre culture, avec un début de religion particulièrement méfiant et rancunier envers les humains de la Terre d’origine.

Vous l’aurez compris, entre « respectons les autres cultures », « évitons la méfiance » et « apprenons à nous pardonner », cet épisode ne fait pas dans l’originalité concernant son message, ce qui fait qu’il est considéré comme un des pires de la saison. S’il est tristement prévisible, j’avoue quand même avoir un faible pour lui au vu de la médiocrité de ce qui a précédé (hors pilote) : on a enfin un épisode qui se tient sur le plan du scénario, et surtout la découverte d’une culture souterraine. Eh bah voilà, ça c’est un Peuple de la grotte !

Sanctuaire

L’Enterprise rend visite à un monastère vulcain attaqué par des pirates andoriens. C’est l’occasion d’en savoir plus sur cette race jusqu’ici reléguée au rang de figurants ; on notera aussi une amélioration des costumes, leurs antennes étant désormais mobiles. Du côté du récit, après plusieurs ruses d’Archer pour tromper ses agresseurs, un twist vient remettre les choses en perspective : le manichéisme disparaît et le personnage de T’Pol est amené à faire un choix concernant les siens. Enfin un très bon épisode !

La Comète

À côté d’un récit d’exploration spatiale très classique autour d’une comète, T’Pol est à nouveau partagée entre son peuple et son individualité. Un épisode qui esquisse de nouvelles pistes, mais ne fait pas évoluer grand-chose…

Questions de civilisations

T’Pol détecte des phénomènes étranges sur une planète à la civilisation pourtant peu avancée ; c’est le début de la première mission d’infiltration de l’histoire de Starfleet. Au final, on ne saura jamais quelles sont vraiment les mystérieuses créatures à l’origine de ces changements ; un assez mauvais épisode…

Pirates

Un cargo de convoyeurs est attaqué par des pirates de l’espace. Les convoyeurs sont les premiers explorateurs de l’espace, bien avant Starfleet ; leur époque était l’équivalent d’un Far West spatial, qui s’apprête à décliner désormais (même s’il continuera jusqu’à l’époque de TOS avec des têtes brûlées comme Kirke). L’idée de faire du space western est alléchante, mais débouche au final sur une histoire de vengeance sans originalité : un épisode moyen, qui a de l’or entre les mains mais n’en fait jamais rien.

Guerre temporelle

Nous commençons à découvrir la guerre froide temporelle, qui a commencé dans ce qui semble le futur du 33e siècle (auquel Janeway avait déjà fait face). Ce coup-ci, c’est plutôt honnête : un peu de sense of wonder autour des inventions futuristes et quelques retournements de situation en font un assez bon épisode, malgré le fait qu’il soit surtout présent pour annoncer la teneur de la suite.

Voyageur inconnu

L’Enterprise est suivie par un inquiétant vaisseau. Des extraterrestres à l’apparence peu conventionnelle et plus de temps passé à développer la psychologie de personnages dans l’ensemble assez lisses en font un épisode sympathique mais rapidement oubliable.

L’Évolution de l’espèce

À la manière d’Une journée de Data, les scénaristes ont décidé de raconter une aventure du point de vue d’un personnage atypique, en l’occurrence le docteur Phlox. Le résultat est très réussi : Phlox possédant une absence totale de jugement moral (ou ayant une conception du monde tellement différente du reste de la future Fédération), il fait toutes sortes de quiproquos et se retrouve surpris par le moindre évènement humain. En parallèle se dresse une intrigue autour d’un dilemme moral qui préfigure la Directive première (et rappelle un épisode de la saison 5 de Babylon 5) : jusqu’où peut-on aider une culture arriérée et ségrégationniste ? Hélas, les deux trames narratives peinent à se rejoindre.

Mission de sauvetage

L’Enterprise décide de sauver un navire klingon infecté. Cet épisode illustre pour moi tous les problèmes d’une préquelle et d’une œuvre voulant rendre une série plus mainstream : on se retrouve avec 44 minutes d’explications de type Les klingons pour les Nuls, ce qui le rend parfaitement oubliable.

Enlèvement

Suite aux évènements de Sanctuaire, les tensions entre humains et vulcains menacent T’Pol de ne plus pouvoir rester au sein de l’équipage. Commence une dernière mission… où bien évidemment rien ne va se passer comme prévu. Un bon épisode, où sa loyauté continue d’être tiraillée et où le mythe des bons et logiques vulcains continue de s’effriter.

Compagnons d’armes

Tucker et Reed découvrent de mystérieux débris qui semblent ceux de l’Enterprise. Un bon épisode qui donne enfin un peu de relief à ces deux personnages.

L’Esprit vulcain

L’Enterprise rencontre des vulcains renégats, qui tentent de trouver un équilibre qu’on devine précaire entre la logique et les émotions. Le tout crée une vallée de l’étrange dans laquelle il est facile de se perdre. Deux intrigues vont se nouer, l’une montrant les bienfaits de cette nouvelle doctrine, l’autre les dangers : être plus humain n’a pas que des avantages. Un très bon épisode pour quiconque s’intéresse à la civilisation vulcaine et aime que sa philosophie soit traitée sans simplisme.

Les chasseurs

L’Enterprise décide de se joindre à des chasseurs sur une planète ressemblant beaucoup trop à celle des Fondateurs dans DS9 : d’une part pour un twist que je ne vais pas vous révéler, d’une autre parce qu’il s’agit d’une planète errante, rattachée à aucun système solaire. Le fait qu’elle soit habitable (et habitée) pouvait sembler déjà improbable mais possible avec une haute technologie chez les Fondateurs ; ici, ça semble défier les lois de la biologie. L’idée d’un monde nocturne en permanence reste exploitée avec une certaine forme de poésie (hélas limitée par le manque de budget). La question posée est : peut-on chasser un être qui nous ressemble ? Ce à quoi la série répond bien entendu non, mais c’est aussi signe qu’elle ne va pas au bout de son raisonnement : est-il éthique tout court de chasser un autre être que nous quand on a déjà de quoi assurer sa survie ? Les personnages répondent qu’on peut chasser un cochon parce qu’il n’est pas « sensible » ; or un cochon possède des sens, dont la douleur, et la philosophie contemporaine tend à construire son éthique autour de l’idée qu’il ne faut pas infliger de souffrance à autrui ; cet argument de viandard est donc juste taillé pour rassurer les dîners de famille. Un assez mauvais épisode.

Règles de l’abordage

Des pirates ferengis attaquent l’Enterprise. Bien sûr, on se régale de leurs chamailleries, mais l’ensemble est plutôt sage, et semble encore une fois surtout conçu pour introduire l’espèce aux néophytes. Un épisode plutôt moyen.

Vaisseau fantôme

L’équipage part explorer un vaisseau échoué qu’on affirme hanté par des fantômes. Effectivement, ses habitants ont une curieuse allure de morts-vivants… Si l’histoire peut séduire pour qui n’a jamais vu d’autre série Star Trek, elle est d’une banalité affligeante pour quiconque aura vu quelques épisodes de VOY. Difficile donc de juger cet épisode : si vous commencez la saga par ENT, il est tout à fait recommandable ; sinon, prière de passer à la planète suivante.

Détenus

Archer et Travis se retrouvent prisonniers d’un camp extraterrestre. Il ne s’agit a priori que d’une erreur administrative, mais ils se retrouvent piégés au beau milieu de leurs ennemis les sulibans. Enfin, leurs ennemis… Il semblerait que tout ce peuple ne soit pas composé que de super-soldats. Et si les oppresseurs étaient parfois des oppressés ? Un très bon épisode, qui montre que les choses ne sont jamais simples dans une guerre.

Passager clandestin

Une horrible bestiole gluante attaque l’Enterprise et menace de digérer plusieurs membres de l’équipage, dont le capitaine. Et s’il y avait moyen de communiquer avec elle ? Un bon épisode pour sa créature non conventionnelle, même s’il est très classique (il s’agit une nouvelle fois de montrer les valeurs de Starfleet, altruisme, pacifisme et refus des a priori).

Incident diplomatique

Une diplomate vulcaine admirée par T’Pol tombe en disgrâce. Un épisode particulièrement mollasson, dont les longs dialogues ne mènent pas à grand-chose, le rendant immédiatement oubliable. Même si je n’y fais généralement pas gaffe, je n’ai pas non plus eu l’impression que ça jouait très bien…

La Traversée du désert

Archer est sollicité par les habitants d’une planète-désert contre leur système tyrannique. Il va s’apercevoir que l’Enterprise n’est pas en mesure de sauver tout le monde, ce qui va contribuer à la réflexion que mène Starfleet pour créer sa fameuse Directive Première, interdisant toute intervention au sein d’une culture si celle-ci n’a pas déjà atteint la maîtrise du voyage spatial (et même alors, seulement sur la demande expresse des peuples concernés). Hélas, les questionnements sont évacués lors d’une bonne partie du récit pour ne laisser la place qu’à un simple récit d’exploration puis survival. Épisode très moyen.

Vacances sur Risa

C’est le retour de la planète-paradis Risa et ses multiples kischouilleries (même si pour une fois nous avons une architecture franchement élégante). Et comme toujours les aventures en vacances sont sans grand impact, quand bien même quelques idées de rebondissements fonctionnent, notamment humoristiques. Le résultat est encore une fois sans saveur.

Ondes de choc

La guerre froide temporelle continue, et Archer doit coopérer avec un starfleetien du futur qui essaye de lui expliquer comment elle fonctionne (et c’est d’autant plus difficile qu’il s’était fait tuer lors de leur entrevue précédente). Un assez bon double épisode pour ses combats et rebondissements spectaculaires, mais bien loins d’égaler DS9… et les personnages sont également bien moins attachants.

Saison 2

Premier contact

Et si je vous disais que les vulcains ont déjà visité la Terre avant la venue de Zephram Cochrane, qu’ils sont restés un paquet d’années, et qu’ils ont inventé les scratchs ? Oui, moi non plus, ça ne m’intéresse pas.

Le Choix d’Archer

L’Enterprise est attaquée par la mystérieuse race des romuliens, et Tucker et Archer se retrouvent à devoir déminer la coque de leur vaisseau. Un bon épisode avec toute la tension à laquelle on pouvait s’attendre, mais qui fait pâle figure comparé à une scène similaire dans le film First Contact.

La Station service

L’Enterprise découvre une station de réparation de vaisseaux totalement automatisée, bien trop high-tech pour être honnête. Un assez bon épisode sur l’hypersurveillance et le solutionnisme technologique sous couvert de bienveillance, mais qui hélas n’innove en rien. La trouvaille finale laisse entendre que nous aurions pu avoir affaire à un ennemi bien plus palpitant…

Mon ami Porthos

Un incident diplomatique a lieu entre Archer et les habitants extrêmement susceptibles d’une planète, la même qui héberge un virus ayant contaminé Porthos. N’ayant d’yeux que pour la pauvre bête, le capitaine envenime la situation en refusant les pourparlers pour préférer s’occuper de son chien. Bien sûr, ce pitch est complètement absurde, ce qui lui vaut d’être considéré comme un des pires épisodes de la série (voire de la franchise). Mais les farfeluteries de Phlox et la descente aux enfers d’Archer (notamment à base d’un certain running-gag érotique) en font malgré tout un bon plaisir coupable !

Les Maraudeurs

Des klingons tyrannisent un village qui fait appel aux sept samouraïs, pardon : à l’Enterprise. Un épisode cousu de fil blanc, sans sacrifice ni enjeu dramatique, avec des personnages parfaitement clichés.

Mission secrète

T’Pol est envoyée avec Archer capturer un dangereux criminel. Mais l’est-il vraiment ? Au final : oui. Critiquer l’autoritarisme vulcain aurait fait un bien meilleur épisode, au final nous avons encore un pétard mouillé.

Objet contaminant

Reed oublie accidentellement un objet technologique sur une planète qui n’a pas encore connu la propulsion spatiale. Tant pis, ça pourrait juste être un objet non identifié, mais non, il faut le retrouver, et rendre la situation dix fois pire. Un épisode complètement crétin, qui se plaint de ses effets tout en s’obstinant désespérément à en provoquer les causes.

Anarchie sur l’Enterprise

Vous aimez les épisodes à virus ? Moi non plus. J’ai déjà eu l’occasion de dire à quel point ils étaient inutiles et superficiels de façon quasi-systématique. Celui-ci ne fait pas exception.

Une peur invisible

Hoshi a peur des téléporteurs et doit affronter cette phobie une bonne fois pour toutes. Un épisode qui n’a rien de honteux mais qui a déjà été fait avec Reginald Barclay dans TNG.

La Princesse

L’Enterprise accueille un mystérieux cargo… contenant une princesse kidnappée. Un mauvais épisode, montrant une cavale tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui aurait pu juste être passable si je n’avais pas appris après coup qu’il était censé être une comédie romantique !

Les Déserteurs

L’Enterprise doit s’allier avec des extraterrestres pour affronter une tempête stellaire. Un énième filler dont je ne garde pratiquement aucun souvenir.

Crépuscule

Trip se retrouve crashé sur une planète avec un adversaire particulièrement hostile. Un bon épisode, classique mais efficace en raison de son antagoniste particulièrement buté et de son environnement extrême.

Contamination

T’Pol est affectée par une maladie qui est clairement une allégorie du Sida (un peu trop appuyée). Dans le contexte des années 2000, bien après que les persécutions des LGBT et des séropos aient atteint leur pic lors de la décennie précédente, l’histoire semble honnête mais arriver un peu après la bataille. Mais une intrigue secondaire avec les dénobuliens permet d’aborder le prochain sujet progressiste qui fera polémique : le polyamour ! Un bon, voire très bon épisode.

Le Négociateur

Les andoriens et les vulcains menacent de se lancer dans une nouvelle guerre, Archer doit jouer les médiateurs. Un bon épisode, avec force bagarre et dialogues pince-sans-rire, qui fait un peu redite avec L’Ultime Frontière mais contrairement à ce film ne s’éloigne jamais de ses thématiques.

Le Vaisseau du futur

L’Enterprise découvre un vaisseau qui semble un résidu de la guerre froide temporelle. Un épisode frustrant, montrant quelques nouveaux éléments mais pas assez pour se faire enfin une idée de ce conflit ne serait-ce que dans son sense of wonder.

Prisonnier

Archer et Tucker sont enfermés à bord d’un vaisseau à destination d’une planète-bagne. Une mutinerie met un lascar à la tête du vaisseau, et comme Archer sait qu’on ne le croira jamais, il décide lui aussi de se faire passer pour un contrebandier… Hélas, ce faux-semblant ne mène à rien, et on s’attache peu aux criminels qui en 40 minutes n’ont guère le temps de fournir un caractère plus qu’archétypal. Un épisode très moyen.

Les Envahisseurs

L’Enterprise découvre un vaisseau-monde peuplé de créatures immatérielles ; malheureusement, l’exploration est brève et laisse très vite place à une banale histoire de possession comme on en a depuis TOS. Un mauvais épisode.

Le Procès

Archer est convoqué par un tribunal klingon, avec la conception toute particulière de la justice que cela présume (c’est toujours mieux que celle des cardassiens…). Un assez bon épisode, reprenant un peu trop d’éléments de L’Ultime Frontière mais éclairant des pans quasiment jamais vus de cette culture facilement clichéisable.

Le Deuil

Travis retourne sur son vaisseau-cargo pour faire le deuil de son père. On s’attend à une histoire touchante comme ST sait en faire sur la mort et l’acceptation, mais les enjeux se mettent vite à tourner autour d’un retour de fils prodigue qui ne dépareillerait pas dans un téléfilm français : entre la mère aimante et conciliante et le frère resté dans l’ombre désireux de reprendre sa revanche, remplacez le cargo par une ferme / un manoir / n’importe quelle propriété foncière et quelques pirates de l’espace par des collecteurs d’impôts, et vous obtenez un banal mélodrame M6. Encore un épisode très moyen, qui n’est sauvé que par une sous-intrigue humoristique autour de T’Pol et la culture terrienne…

Tolérance

Phlox doit aider une espèce alors que la sienne s’est rendue coupable de génocide envers elle dans un lointain passé. Un bon épisode bien que classique sur le pardon, et plus que jamais d’actualité à une heure où les luttes contre les persécutions ethniques sont instrumentalisées pour des victimisations haineuses (vous commencez à connaître mon opinion concernant la gestion médiatique de la guerre en Palestine…).

Le Troisième sexe

Ça y est, enfin un premier contact sans sortir de flingue. Les extraterrestres sont cultivés, agréables, et possèdent une société assez permissive. Il y a juste un détail un peu perturbant… Un excellent épisode parlant en filigrane des non-binaires, des intersexes, de la primauté de la grossesse sur les droits des individus dans les sociétés où l’État régit les naissances, et surtout qui montre l’une des plus épineuses questions concernant la Directive Première. Seule la fin me semble un peu trop tranchée, et pas forcément en faveur de la position qui me plaît le plus : après tout, Archer n’a-t-il pas lui aussi sa part de responsabilité en refusant un asile politique ?

Une découverte dangereuse

Des scientifiques découvrent malencontreusement des borgs échoués dans l’Arctique. C’est l’occasion de faire un épisode à borgs, histoire de donner dans le fan-service : une fois passés les traditionnels oh-là-là-mon-Dieu-ils-sont-beaucoup-trop-puissants et toute-résistance-est-inutile-vous-serez-assimilés, on ne découvre pas grand-chose de nouveau. Quelques trouvailles restent intéressantes : la découverte des borgs façon The Thing, ou le fait que le médecin de bord se retrouve infecté par la nanotechnologie ennemie… mais ce n’est pas assez exploité pour remplir intelligemment tout un épisode.

L’Étoffe d’un héros

À la mort d’un vieux collègue, Archer raconte comment il a contribué à sa manière à la conquête spatiale. Un épisode complètement desservi par la platitude de sa mise en scène : on en demande moins à une série qu’à un film, mais il n’aurait pas fallu grand-chose à la réalisation pour sublimer une histoire classique mais sympathique d’amitié vache. La vitesse est simplement traduite par des secousses à l’écran alors qu’elle est au centre de l’épisode, et la magnifique surprise finale est coupée alors qu’elle apparaît tout juste. Dans TNG ou VOY, le plan final aurait montré le vaisseau en train de la quitter ; ici, on le voit juste repartir dans le lointain, comme dans n’importe quel épisode random. Quel ennui…

Chasseur de primes

Un chasseur de primes capture Archer tandis que T’Pol fait son pon farr. Épisode vu et revu.

Menace sur la Terre

La Fédération et les sulibans n’avaient pas prévu qu’une nouvelle faction rejoindrait leur guerre froide temporelle : les xindis. Et autant vous dire qu’ils ont les crocs. L’épisode s’ouvre ainsi sur une scène spectaculaire, mais contrairement aux destruction porns bas de gamme, Star Trek s’assure que cela laisse un impact psychologique sur les personnages. Les espèces de l’époque d’ENT doivent s’unir si elles veulent survivre et rien n’est gagné entre vulcains, humains et klingons. Un très bon épisode qui n’est bien sûr qu’un prélude à la saison suivante, mais qui augure une suite de série bien plus palpitante.

Saison 3

À la recherche des Xindis

Dans le but de trouver la planète des xindis, Archer tente de sauver un esclave relevant d’une de leurs cinq espèces. Le personnage a subi un récent handicap, il possède un certain humour pince-sans-rire, et l’endroit où il travaille laisse entendre qu’il a subi de nombreux traumatismes ; pourtant, tout le monde (y compris le scénariste) le traite comme un chien. Et vas-y que je suis lâche et fourbe et que je meurs avant la fin… C’est un gâchis du même ordre que le filou alcoolique de Star Wars VIII, qui ne servira au final jamais aux héros et disparaîtra au cours d’un revers de scénario. Un épisode très moyen, malgré un début de découverte des xindis et une bagarre finale relativement généreuse.

La Fin justifie les moyens

Archer fait face à des pirates de l’espace qui lui expliquent que la région qu’il explore pour rechercher les Xindis, l’étendue Delphique, est un lieu sans foi ni loi. Épisode vu et revu, dont le sujet est bien mieux exploité ailleurs comme dans Le vide (VOY).

Métamorphoses

Plusieurs membres de l’Enterprise se retrouvent métamorphosés en extraterrestres à l’allure répugnante, qui cherchent une mystérieuse cité. Un très bon épisode montrant une idée de SF sur laquelle j’avais déjà écrit un texte (décidément, je ne fais que réinventer l’eau chaude), et qui s’en sert pour évoquer une nouvelle fois les thématiques chères à Star Trek : le devoir de mémoire et la critique des gestions de crise autoritaires.

L’Espion qui l’aimait

Une mystérieuse esclave sexuelle s’évade et trouve refuge auprès de l’Enterprise. Un épisode… eh bien, écrit par un homme : les nombreuses scènes de sexe / tension sexuelle sont inutilement nombreuses et c’est la deuxième fois qu’un des trop rares personnages féminins se fait violer à-peu-près-métaphoriquement. Bref, un assez mauvais moment, qui ne trouve d’intérêt que dans son assaut final, où nous découvrons enfin l’armement xindi pour les combats rapprochés.

Piégée

Les vulcains sont allergiques à un carburant de vaisseau qui leur fait perdre tous leurs moyens. Tiens donc ! Des vulcains qui deviennent fous furieux, c’est une idée d’épisode qui n’a jamais été exploitée ! Reste un survival horror plutôt honnête, avec un environnement où il faut se faufiler, monter, descendre, tendre des embuscades. Mais cela suffit-il à en faire un bon épisode ?

La Belle et la bête

Hoshi rencontre une sorte de mage-extraterrestre façon La Terre mourante, et elle va lui apprendre que ça ne lui autorise pas à être un petit con patriarcal. Un assez bon épisode, dépaysant tout en critiquant l’attitude des « forceurs » en séduction, qui deviennent dans la vraie vie bien plus méchants, autrement dit des harceleurs sexuels.

Cargaison maudite

Archer rencontre un xindi ne voulant pas de mal à la Terre, et ignorant tout du génocide que les siens préparent. Un bon épisode, au scénario assez classique pour un Star Trek, mais nécessaire pour ne pas essentialiser ceux qui jusque-là avaient toujours été considérés comme des méchants. Et surtout, ça permet d’agrandir le lore.

Une autre dimension

Archer contracte une maladie qui l’empêche de mener sa mission à temps. Il se retrouve plongé dans un futur où l’Humanité a perdu et n’est plus réduite qu’à quelques milliers de survivants. Bon, j’ai le même problème avec cet épisode qu’avec Le Visiteur (DS9), mais en plus le fait qu’on parle de l’avenir de toute l’Humanité plutôt que de celui d’une simple personne à laquelle on peut plus facilement s’attacher empêche une réelle empathie. Bref, pour moi le seul intérêt de cette histoire réside dans ses quelques scènes de destruction porn.

Les Hors-la-loi

Comment se servir du space opera comme prétexte à faire des aventures bas de gamme de n’importe quel autre genre comme à l’époque de TOS ? En projetant les persos dans un western cliché où les amérindiens sont remplacés par des extraterrestres (évidemment whitewashés). On nous parle du fait que les dominants ont autrefois été des dominés, ce qui avait bien plus d’impact émotionnel dans La Preuve vivante (VOY). Ça a le mérite de parler un peu du racisme contrairement à des épisodes dépolitisés comme OK Corral (TOS), mais ça reste franchement un mauvais épisode.

Le Clone

Soucieux de sauver Tucker malade, Phlox fabrique un clone en croissance accélérée pour lui prélever un organe. Éthique ? Vaguement, comme d’habitude, avec notre bon docteur…

Un très bon épisode qui rappelle beaucoup Dax dans DS9 (à partir de quel moment un individu se distingue-t-il d’un autre malgré ses souvenirs identiques ?) et Tuvix dans VOY (doit-on sacrifier un nouvel être vivant pour en sauver d’anciens qui étaient condamnés ?). Les adieux avec cet être condamné d’avance sont aussi inéluctables que touchants.

Virus

La série commence à exploiter pleinement les possibilités d’une guerre froide temporelle avec une intrigue au tout début du XXIe siècle. Place à une ambiance néo-noire qui ne perd pas de vue le grand affrontement interespèces, même si honnêtement ça ne casse pas trois pattes à un canard en terme d’originalité.

Les Ennemis de la vérité

Des fanatiques religieux prennent le contrôle de l’Enterprise. Le scénario est on ne peut plus classique (surtout si on a déjà vu Le dilemme dans TOS) malgré le caractère assez fascinant du chef des méchants, bien sûr charismatique mais également en proie aux doutes, sans jamais renier pour autant ses convictions. Hélas, quand on voit des personnages similaires comme Gul Dukat, on se dit qu’il aurait bien mieux fallu le développer sur plusieurs épisodes plutôt que juste sur un pitch déjà-vu. Épisode très moyen, donc, que j’ai quand même un peu à la bonne grâce à une scène très solennelle en apparence, mais désopilante pour quiconque a déjà vu un autre épisode de Star Trek.

Un allié incertain

Les andoriens décident de se joindre aux humains pour rechercher les xindis. Le choc des cultures est minime (on sait hélas toujours aussi peu de choses sur la leur), mais la méfiance règne ; surtout que ces extraterrestres ont une certaine condescendance envers les alliés des vulcains. Assez bon épisode, continuant d’éviter tout manichéisme facile avec cette espèce, bien qu’assez prévisible.

Simulations

En effaçant une partie de sa mémoire, Archer tente de manipuler un xindi afin de lui retirer des informations. Un très bon épisode pour les passionnés de magouilles.

Le Cobaye

Tucker entretient une relation de plus en plus toxique avec l’un des marines embarqués comme passagers pour lutter contre les xindis. Un assez bon épisode pour ses combats, et qui élargit aussi un peu le lore : la violence est supérieure à ce qu’on trouve d’habitude dans ST, ce qui rend les coups de tatane plus imprévisibles. Ceci dit, on reste dans un sous-texte très ricain qui nous rappelle les mauvais moments de TOS : il faut rester unis face à une menace étrangère, quand la saga est d’habitude bien moins manichéenne.

Seul dans l’espace

Bon, vous vous souvenez de Seule, dans VOY ? Bon bah là c’est pareil, mais avec le docteur Phlox. Aucun intérêt.

Mutinerie

Des bébés xindis sont découvert par l’Enterprise. Doit-on les tuer au motif qu’ils font partie d’une espèce ennemie ? Bon, si vous connaissez les valeurs de Starfleet, la question elle est vite répondue, mais Archer semble devenir complètement gaga tandis que l’équipage considère qu’on ne doit pas accueillir toute la misère du monde. Au final, les xindis manipulent bel et bien Archer, mais les bébés leur sont restitués pour la plupart sains et saufs. Un épisode extrêmement maladroit, sur un sujet que la saga ne devrait plus avoir à traiter depuis longtemps.

Intrigues

Écrasé par la culpabilité d’avoir trop souvent trahi ses principes pour trouver les xindis, Archer tente une opération-suicide pour en finir avec leur arme de destruction massive une bonne fois pour toutes. Un récit qui se termine sur un gros cliffhanger et ne peut donc plus être appréhendé comme un récit à part entière ; hélas, le suivant n’a pas grand-chose à voir avec, et on se retrouve donc avec cette espèce d’épisode orphelin, dépendant des autres mais dont les autres ne semblent pas vouloir.

Le Devoir du capitaine

Et justement, cet épisode suivant est assez décevant : ledit cliffhanger est résolu en un claquement de doigts, et Archer met vite ses doutes de côté avant d’opter à nouveau pour une éthique pragmatique dans ce scénario où l’Enterprise, ayant besoin de réparations, se retrouve obligée de piller un autre vaisseau. Encore un beau pétard mouillé selon moi.

L’Alliance de l’espoir

Tandis qu’Archer négocie la paix avec les xindis, Tucker doit porter un deuil plus lourd qu’il ne l’aurait cru. Un très bon épisode qui approfondit considérablement sa psychologie et laisse de l’espoir pour une issue à la guerre pacifique et sans manichéisme.

Conflit de génération

Archer découvre un double de l’Enterprise venu du futur, où il a subi un voyage similaire à celui du Voyager. Un épisode à voyage dans le temps freinant le récit sur les xindis et tristement prévisible.

Le Conseil / Compte à rebours / Le Dernier combat

Archer est admis au conseil xindi pour continuer les négociations. L’un des personnages secondaires meurt un peu vite alors qu’il aurait été très intéressant qu’il se rende compte qu’Archer l’a manipulé. Le fait que des extraterrestres à l’apparence reptilienne plutôt qu’humaine soient forcément plus belliqueux est aussi un cliché qui a tendance à me porter sur les nerfs, et qui est exacerbé ici (je passe sur le fait qu’ils mangent des bébés souris pour bien montrer qu’ils sont méchants alors que Phlox se livre à des expériences douteuses sur des animaux sans que ça soit jamais ouvertement critiqué…). Pour autant, nous avons quelques décors magnifiques, enfin des batailles spatiales digne de DS9, et une belle résurgence de l’espoir sans pour autant que la résolution du conflit ne soit livrée sur un plateau d’argent : un très bon triple season finale, mais qui aurait peut-être pu être encore meilleur.

Saison 4

Résistance

Suite aux évènements qui ont mis fin au conflit entre les xindis et la Terre, Archer et son équipage se retrouvent projetés dans une Seconde guerre mondiale alternative, où un antagoniste de la guerre froide temporelle a permis aux Allemands d’envahir les États-Unis. Disons que ce double épisode condense tous les défauts de la série… Pour commencer, on nous fait une Cavalier Vert 5, à savoir un voyage temporel transportant brusquement les gentils dans une dyschronie qui n’a rien à voir avec la menace qu’ils viennent tout juste de vaincre : on a l’impression que les deux intrigues ont été collées ensemble, comme dirait le poète, avec de la colle et du caca magique. Mais ça va sans doute être l’occasion de revoir les sulibans et d’en savoir plus sur leur compte, pas vrai ? Et c’est là qu’on voit à quel point ils ont été évincés de la série : après une saison d’absence, ils reviennent pour un dernier tour de piste, mais par la porte de derrière, les grands méchants de cet épisode n’étant ni eux, ni les xindis, mais… encore un autre camp. Il s’agit de méchants clichés ayant tout le décorum dont les pourvoit la pop-culture de seconde zone (yeux rouges, apparence squelettique et pourtant musclée, froide cruauté, motivation manichéenne…). À quoi bon avoir développé à ce point les pouvoirs des sulibans, si c’est pour les faire disparaître ensuite ? Pire, cette multiplication des camps laisse entendre que le fait que cette guerre froide temporelle n’est montrée que par petits bouts n’est en rien pour créer un sentiment de mystère : il ne s’agit que d’une vulgaire excuse pour en faire un vaste bordel dans lequel s’engouffrent les scénaristes quand ils veulent. Enfin, du Star Trek uchronique sur la WWII, ça pourrait avoir du bon, mais pourquoi bâcler à ce point une uchronie ? J’ai quand même lu quelques-uns de mes classiques, Le maître du Haut-Château notamment, et j’aimerais bien savoir où sont passés les japonais, bien plus proches des US géographiquement, et qui ont été leurs ennemis jurés bien davantage que les allemands. On dirait que rien n’a évolué depuis Virus, qui amorçait ce type d’épisodes dans le passé et pouvait donc se faire pardonner un traitement de son sujet plus superficiel : on plante un décor avec une ambiance, mais on ne cherche pas à creuser plus loin. Et avec ça c’est la fin de l’arc narratif de cette guerre froide, autant vous dire qu’il s’agit d’une conclusion aux fraises… Seul le plan final, évoquant la fin de VOY, aide à retrouver le sourire.

Retour au bercail

Archer est de retour sur Terre, lui et son équipage tentent de se remettre de leur périple. Bon bah pour le coup c’est un épisode sympathique qui vient un peu remonter le niveau, où les personnages continuent de s’approfondir, sachant que contrairement à VOY, il n’y a pas de bouton reset : ici, on prend en compte les choix ainsi que les pressions sociétales instaurées dans les anciens épisodes, et surtout les traumatismes.

Les Améliorés / Les Embryons / Poursuite

Archer découvre qu’une bande d’Améliorés à la Khan Noonien Singh s’est échappée des prisons terrestres. Il va devoir faire appel à leur créateur, un certain Dr Soong considérant que la Terre devrait mettre en place un eugénisme libéral. On en apprend des belles sur le grand-père du créateur de Data…

Un bon épisode, mais fallait-il vraiment le rendre triple ? On découvre un syndrome Magneto assez original, mais l’histoire digresse avec un arc sur le syndicat d’Orion qui remplit tous les clichés des marchés aux esclaves, par ailleurs déjà vus dans Les enchères de Triskelion (TOS). Et c’est tout de même assez déroutant de ne déjà plus du tout entendre parler des xindis et de la guerre froide temporelle…

Le Pèlerin du désert / Les Dissidents / Kir’Shara

Vulcains et humains sont victimes d’un attentat. Deux factions sont suspectées : les andoriens… et un groupe de dissidents au Haut Commandement. Un très bon triple épisode, enrichissant le lore tout en le faisant évoluer, et montrant (comme d’habitude sans manichéisme) comment plusieurs factions peuvent se réconcilier après bien trop de siècles de haine et de mensonges. En revanche, un certain arc autour de T’Pol se conclut d’une manière assez précipitée.

Le Puits noir

L’Enterprise emmène l’inventeur du téléporteur dans une région de l’espace pour y faire une expérience, mais celle-ci possède une nature et un but très différents de ce que Starfleet avait prévu. Il en résulte une sorte de version cauchemardesque et désespérée du Visiteur, ce qui ne fait que renforcer son tragique. Un très bon épisode.

L’Expérience témoin

Alors qu’Hoshi et Tucker contractent une maladie inconnue, des extraterrestres observent la façon dont se soignent les humains avec une directive encore plus stricte que la future Directive première. Un bon épisode creusant le personnage d’Hoshi et pointant clairement les limites du non-interventionnisme.

Rumeurs de guerre / Pacte fragile / Les Pacifistes

Les andoriens n’ont pas que les vulcains comme ennemis : on compte également les tellarites, des extraterrestres très portés sur la rhétorique et dont la culture dominante a un goût tout particulier pour la polémique… Sans compter que pendant ce temps, les romuliens tentent leurs premières attaques contre la future Fédération. Un très bon triple épisode montrant les débuts d’une alliance interespèce et qui en profite pour largement approfondir le lore des andoriens (même si on regrettera qu’il n’en soit pas de même pour les tellarites).

Épidémie / Éradication

Une pandémie menace l’Empire klingon. Pendant ce temps, Reed est rappelé à son devoir par un mystérieux organisme de Starfleet… Un très bon double épisode qui vient raccrocher pas mal de wagons : d’où vient la section 31 ? pourquoi les klingons de l’époque de TOS avaient-ils le crâne plat ? d’où viennent les premiers hybrides humains-vulcains ? Autant d’intrigues passionnantes pour voir comment deux univers qui n’avaient pas grand-chose à voir (le Star Trek qu’on connaît et celui d’ENT) fusionnent et parviennent à retomber sur leurs pattes.

Le Lien

Le Syndicat d’Orion propose à l’Enterprise trois séduisantes esclaves sexuelles. Oui, vous avez bien entendu : préparez-vous à vous faire submerger par des kilolitres de male gaze ! Un épisode chiant et racoleur, seulement sauvé par ses dernières minutes, notamment pour un twist intéressant.

Le Côté obscur du miroir

Comment se passe la conquête spatiale du côté de l’Univers-miroir ? En choisissant de montrer le point de vue exclusif des méchants (sans même faire apparaître les gentils), ENT semble vouloir faire son Le corps est le père, le corps est la mère (B5), mais en bien plus réussi : ici, on se dote d’un vrai récit ambitieux, explorant une des espèces les plus sous-exploitées de TOS, les Tholiens. Le Côté obscur du miroir montre ainsi toute la noirceur du fascisme, avec ses innombrables tortures, luttes et complots n’aboutissant qu’à une violence sans fin. Parce qu’il est bien plus radical que Miroir (TOS) et ses plus ou moins fortunés épisodes de DS9 laissant toujours au moins l’espoir d’une happy end, ce double épisode est sans doute le meilleur qu’on ait jamais pu tirer de l’Univers-miroir. (Par contre, les persos féminins méchants donc lubriques, ça commence à bien faire…)

L’Enfant / Terra Prime

La Fédération est sur le point de se constituer, mais ce n’est pas au goût des réactionnaires humains. Terra Prime, sorte de reliquat capitaliste de la Terre-Unie (son chef est un patron dans les mines lunaires), évoque la Nouvelle Droite par son discours : « On n’a rien contre le fait que plusieurs ethnies existent, simplement elles doivent vivre séparément et surtout pas se mélanger ». Un autre excellent double épisode, avec une bonne dose de rebondissements et une nouvelle approche très juste de l’extrême-droite contemporaine.

Le Dernier voyage

Ça y est, la Fédération va être fondée, et nous avons en prime un crossover avec TNG. Ryker reconstitue l’équipage d’ENT par holodeck pour découvrir comment ça s’est passé. Ce dernier épisode est haï par les fans car Ryker vole la vedette à l’équipage, qui se retrouve avec un rôle moins important. Mais celui-ci continuent d’avoir quand même son histoire, donc pourquoi pas : au final, il pourrait juste s’agir de la même chose que la mise en abyme finale de La Preuve vivante, mais étirée inutilement. Seulement, au lieu d’un adieu paisible aux personnages façon L’aube au crépuscule (B5) ou une dernière pirouette de Terra Prime ou de la Section 31, on se retrouve avec… une banale histoire d’otages. La mort d’un des personnages principaux tente de remonter un peu le niveau, mais semble franchement gratuite (tout comme un certain épisode de TNG, ayant au moins eu le mérite d’avoir créé des répercussions sur la suite de sa série). Il faut enfin y ajouter une intrigue entre Ryker et Troi qui fait franchement téléfilm fauché, car elle ne passe jamais que par les dialogues. Le montage final montrant les différents vaisseaux Enterprise est la seule idée bien exploitée, même si à mon sens il aurait gagné à montrer tous les bâtiments spatiaux emblématiques de la saga : quelle tristesse que le Old Trek se termine ainsi !

Conclusion

Il fallait s’y attendre avec Star Trek, ENT est une nouvelle série audacieuse : mais les faiblesses qui commençaient à se faire sentir sur VOY avec ses épisodes écrits au kilomètres et ses impressions de déjà-vu ne font ici que se renforcer. Des idées très originales comme les xindis ou les sulibans sont mal exploitées car apparaissant ou disparaissant totalement au gré des humeurs des scénaristes, tandis que d’autres épisodes ont un sérieux parfum de réchauffé. Il était peut-être temps que ça s’arrête… sauf qu’après une saison 3 inégale mais ambitieuse et une très bonne saison 4, on était en droit d’espérer mieux.

Enfin, bon : Star Trek a remis le couvert ces dernières années. Après Rick Berman et ses nombreux collaborateurs, Gene Roddenberry se trouve de nouveaux successeurs en les personnes de J. J. Abrams pour les films et Alex Kurtzman pour les séries. Un Nu Trek a donc commencé… mais il suscite encore plus de dramas qu’ENT. Entre persos mal écrits, situations déjà-vues et éléments de feuilleton aussi inutiles qu’erratiques, ces nouvelles aventures (du moins celles en live-action) se traînent une sale réputation. Les verrai-je un jour ? Il le faudra peut-être, car après tout, c’est pour ma culture…

Un commentaire sur « Star Trek ENT : C’est prélogique, Mr Kirke ! »

Laisser un commentaire